14 avt. J.-C., dès l'avènement de Tibère : révoltes de Pannonie et de Germanie, dans les armées du Rhin et du Danube. Les légions ne s'en tiennent pas à des revendications matérielles; celles de Pannonie maltraitent leurs officiers, celles de Germanie proposent l'Empire à Germanicus qui refuse, au péril de sa vie. Les choses rentrent dans l'ordre grâce aux effort de Drusus, le fils de Tibère, en Pannonie, et de Germanicus en Germanie.
41 ap. J.-C. : Caligula est abattu par un tribun de la garde prétorienne, Chaerea. Les prétoriens proclament ensuite empereur l'oncle de Caligula, Claude. Ils coupent ainsi court à la tentative de restauration républicaine esquissée par le Sénat.
42 ap. J.-C., sous Claude (41-54) : révolte du gouverneur de Dalmatie Furius Camillus Scriboniamus. La défection de ses troupes met vite fin à cette révolte éphémère.
68-69 : après le suicide de Néron, l'armée d'Espagne proclame Galba empereur. Les prétoriens lui opposent Othon, et Galba est tué au Forum. L'armée du Rhin refuse de reconnaître Othon et proclame un de ses généraux, Vitellius. Enfin, c'est Vespasien, le candidat de l'armée d'Orient, qui l'emporte.
88 : sous le règne de Domitien, le légat de Germanie supérieure, Antonius Saturninus, se soulève avec la connivence secrète d'une partie du Sénat. Domitien répond aux menaces du Sénat par un véritable régime de terreur.
175 : Avidius Cassius, sous le règne de Marc Aurèle. Fils d'un chevalier syrien, il est introduit dans l'ordre sénatorial par adlectio. C'est lui le vrai vainqueur de la guerre contre les Parthes de 161-166. Marc-Aurèle lui confie un grand commandement sur tout l'Orient, y compris l'Égypte. Il se révolte en 175.
- La prise du pouvoir et les guerres -
En 192, les prétoriens, mécontents des réformes de Pertinax touchant l'armée, l'assassinent et mettent l'Empire aux enchères entre Sulpicianus, préfet de la Ville, et Didius Julianus, richissime homme d'affaires. L'armée du Danube proclame empereur son chef, Septime-Sévère, gouverneur de Pannonie supérieure, et l'armée d'Orient fait de même avec le sien, Pescennius Niger. L'armée du Rhin se rallie à l'armée du Danube, et le commandant des légions de Bretagne, Clodius Albinus, entre en négociations avec Septime Sévère.
Didius Julianus : l'expeditio urbica. Après son entrée dans Rome et sa victoire sur Didius Julianus, Septime Sévère désarme les prétoriens et les licencie. La garde est aussitôt reconstituée, mais avec un doublement d'effectifs (de 500 à 1 000 hommes par cohorte). Le recrutement change aussi radicalement : de strictement italique, il passe à provincial, avec l'incorporation des meilleurs éléments de l'armée danubienne qui l'a porté au pouvoir. Cette réforme effraye la population de Rome, et en premier lieu les sénateurs, comme le rapporte Dion Cassius.
Ainsi réformée, la garde prétorienne compte environ 10 000 hommes. L'épigraphie confirme la part prépondérante qu'y tiennent désormais les soldats originaires des provinces illyriennes (Pannonies, Dalmatie, Thrace, etc). Mais on y rencontre aussi des Gaulois (Belges surtout), des Africains et quelques Orientaux. En temps de guerre, les prétoriens suivent l'empereur en campagne.
Sa réorganisation de la défense de Rome et le stationnement de la IIa Parthica à Albano porte les effectifs de la garnison de Rome à 30 000 hommes. Son but n'est pas seulement la surveillance de la capitale, mais aussi de prévenir les entreprises d'un usurpateur et de disposer d'une masse de manoeuvre en cas d'attaque soudaine.
Pescennius Niger : l'expeditio asiana. Septime-Sévère marche contre Pescennius Niger et le vainc.
Les Parthes : l'expeditio parthica. Septime-Sévère expulse de Mésopotamie les Parthes qui s'y étaient installés, profitant des troubles (195-196). Il châtie les alliés orientaux de Niger.
Clodius Albinus : l'expeditio gallica. Profitant de l'absence de Septime Sévère, Clodius Albinus, qui avait été associé au trône comme César, se proclame empereur et passe en Gaule. Il amène avec lui les légions de Bretagne et procède à de nombreuses levées en Gaule et en Espagne; son armée compte près de 150 000 hommes. Septime Sévère accourt et la bataille décisive a lieu au nord de Lyon, le 18 février 197. Albinus est vaincu et tué, Lyon, qui avait embrassé sa cause, est mise à sac.
- L'amélioration du statut des soldats -
On prête à Septime Sévère ce mot : «Enrichir les soldats et ne pas se préoccuper du reste». Si l'empereur ne l'a sans doute jamais prononcé, ce mot traduit cependant la réalité du nouvel état de choses. L'armée est partout dans le régime. Septime Sévère accroît la solde et le bien-être matériel des soldats :
Les soldes sont augmentées pour la première fois depuis Domitien, peut-être de 50%. Il s'agissait de compenser l'érosion monétaire;
L'annone militaire (annonae militum) assure l'entretien de l'armée. Cette mesure est l'ojet de débats : est-ce un impôt nouveau, ou une modalité nouvelle de la perception de l'impôt foncier (tributum)?
L'annone militaire améliore l'ordinaire des soldats, mais c'est une lourde charge pour les provinciaux, contraints d'assurer le convoyage des denrées et l'entretien des routes.
Vers 197, Septime-Sévère autorise les soldats, non pas à se marier, mais à habiter hors du camp dans les canabae avec leurs compagnes lorsqu'ils ne sont pas de service. Même si elle entérine souvent une situation de fait, cette décision transforme la vie quotidienne de la troupe. Elle favorise également le développement des villes frontalières.
Les enfants de militaires, «issus du camp» (ex castris), sont nombreux, l'âge venu, à s'enrôler à leur tour.
Enfin, les sous-officiers se voient accorder le droit de faire partie de collegia, ce qui était réservé aux officiers : on connaît ainsi des collèges de tubicines ou d'optiones, qui ont une valeur à la fois mutualiste et religieuse, avec leur salle de réunion ou schola, leurs fêtes, leurs cotisations, leurs subventions et leurs divinités protectrices. Les collegia ont une caisse gérée par un trésorier (quaestor).
- La hiérarchie militaire -
Septime-Sévère fait du centurionat un échelon préparatoire normal de la carrière équestre, ce qui ouvre des débouchés nouveaux à l'élément militaire dans la carrière administrative. L'ordre équestre, auparavant recruté surtout parmi les notables des cités, est maintenant l'émanation directe de l'armée. C'est un des éléments essentiels de ce que l'on peut appeler la «révolution sévérienne».
La politique militaire de l'empereur coûte cher et se traduit très vite par l'altération de la monnaie, le cours forcé et d'autres expédients financiers. Cela annonce dès Septime Sévère la crise du IIIème siècle.
Figure 1 : Empereurs et armée sous les Sévères
Caracalla (211-217)
Il est assassiné le 8 avril 217 par un officier de sa garde, peut-être sur l'ordre de Macrin, entre Édesse et Carrhes.
Macrin (217-218)
Préfet du prétoire. C'est le premier membre de l'ordre équestre à parvenir au pouvoir. Il est tué lorsqu'il tente de s'opposer à la sédition de l'armée d'Orient (IIIa Gallica) qui avait reconnu Élagabal; Macrin envisageait de revenir sur les augmentations de soldes accordées par Caracalla.
Élagabal (218-222)
Proclamé empereur par l'armée d'Orient à l'instigation de Julia Soaemias, nièce de Domna, la veuve de Septime Sévère. Les prétoriens se soulèvent contre lui et le tuent.
Sévère Alexandre (222-235)
Proclamé par les prétoriens soulevés contre son cousin Élagabal; il n'a alors que 13 ans. En 228, les prétoriens mutinés massacrent le jurisconsulte Ulpien sous ses yeux. En 231-232, les troupes de Mésopotamie se mutinent et assassinent leur général, Flavius Heracleo. Finalement il sera massacré avec sa mère par les soldats de l'armée du Rhin en février 235, qui donnent l'empire à l'un de leurs généraux, Maximin.
La lutte est aussi celle des deux grandes armées provinciales, l'armée d'Orient et l'armée du Danube. L'armée d'Orient triomphe avec Élagabal (218-222) et Philippe (244-249), l'armée du Danube avec Trajan Dèce (249-251). La victoire de l'armée du Danube est définitive avec les empereurs illyriens : Claude (268-270), Aurélien (270-275), Probus (276-282).
À partir de 268, les empereurs illyriens sont des soldats de carrière: hommes de basse naissance, ils parcourent la carrière militaire en sortant du rang, et sont successivement soldats, sous-officiers, centurions, tribuns militaires, chef d'armée ou duces, grade suprême où l'armée va les chercher pour leur conférer l'Empire.
Aurélien est un exemple type : né vers 214 en Pannonie inférieure dans une famille de condition obscure, il a la vocation militaire et entre au service à 20 ans. Il gravit tous les échelons jusqu'au grade de tribun légionnaire (242).
Dans la hiérarchie régulière, il ne peut s'élever plus haut, car le commandement normal de la légion appartient encore au légat sénatorial. Il obtient alors des commandements de dux sous Valérien (253-260) et Claude II le Gothique (268-270).
En 268, il participe au conseil de Milan des généraux de Gallien, qui aboutit à la mise à mort de Gallien et à l'avènement de Claude II. Celui-ci fait de lui son principal lieutenant et le second personnage de l'Empire. Lorsque Claude II meurt de la peste en janvier 270, Aurélien est acclamé empereur à Sirmium.
L'emploi de dux, ou général, est délégué par l'empereur à un tribun particulièrement méritant, qui est alors chargé du commandement d'un corps de troupes plus ou moins important, composé de vexillations.
Figure 2 : Empereurs et militaires de 238 à 285
Maximin (235-238)
Tué par une mutinerie alors qu'il assiégeait Aquilée, partisane de Pupien et Balbin, et défendue par Menophilus.
Pupien et Balbin (238)
Leur tentative de sénatorial ne dure que quelques mois et ils sont massacrés par les prétoriens.
Gordien III (238-244)
Imposé à Pupien et Balbin par le peuple. Son préfet du prétoire est Thimesithée, qui meurt en 243. Gordien III meurt au combat contre les Sassanides à Mésichè.
Philippe l'Arabe (244-249)
Préfet du prétoire avec son frère Priscus, il devient empereur. Priscus devient rector Orientis. Philippe meurt en septembre 249 dans la bataille qui l'oppose à Trajan Dèce, proclamé par les soldats de Pannonie. Philippe le Jeune, César, est tué par les prétoriens.
Trajan Dèce (249-251)
Légat de Philippe, il est envoyé mater la révolte de Pacatius en Illyricum, mais il se révolte à son tour contre Philippe. Dèce et son fils meurent au combat devant les Goths.
Trébonien Galle (251-253)
Légat de Mésie inférieure lorsqu'il est proclamé empereur. Il tombe sous les coups de ses soldats. Lui et son fils Volusien meurent lors de la guerre civile contre Émilien, révolté vers juillet-août 253.
Émilien (253)
Il est vaincu par Valérien, légat de Trébonien en Rhétie et Norique.
Valérien (253-260)
Il est proclamé par les troupes danubiennes de Rhétie. En 254, il s'associe son fils Gallien. Valérien est capturé par le roi perse Sapor en 260 et est tué.
Gallien (254-268)
En 260 c'est l'usurpation de Postumus. Gallien est renversé et tué par ses généraux (dont Claude, Aurélien) en 268, lors du conseil de Milan.
Claude II (268-270)
Il fait partie des généraux qui assassinent Gallien. Il meurt de la peste en 270
Quintille (270)
Frère de Claude, acclamé par ses troupes de Mésie. Il est tué à Aquilée.
Aurélien (270-275)
Il est proclamé par ses soldats à Sirmium, en Pannonie. Assassiné près de Périnthe, victime d'un complot de son entourage.
Tacite (275-276)
Assassiné en Asie mineure.
Florien (276)
Préfet du prétoire. Il se proclame empereur, reconnu par le Sénat mais pas par la Syrie dont les troupes acclament leur commandant, Probus. Il est assassiné à Tarse par ses propres soldats en août-septembre 276.
Probus (276-282)
Officier de métier, lieutenant d'Aurélien, proclamé par ses troupes de Syrie. Lors de l'usurpation du préfet du prétoire Carus, qui soulève les troupes de Rhétie et du Norique, il se réfugie dans la forteresse de la «Tour de fer», mais y est assassiné en septembre ou octobre 282.
Carus (282-283)
Préfet du prétoire révolté contre Probus. Selon la légende, il meurt frappé par la foudre; on envisage aussi qu'il ait été assassiné par le préfet du prétoire Aper.
Numérien (283-284)
Fils de Carus, Auguste avec son frère Carin. Numérien est retrouvé mort dans sa litière en novembre 284 près de Périnthe. La rumeur attribue au préfet du prétoire Aper la responsabilité de sa mort.
Carin (283-285)
Fils de Carus, Auguste avec Numérien. Il domine l'Occident tandis que Dioclétien est maître de l'Orient. La bataille a lieu sur la Morava; Carin remporte la victoire, mais est assassiné immédiatement après à cause de la trahison de son préfet du prétoire Aristobulus.
Dioclétien (285-306)
Il est proclamé par les troupes de Bythinie pour venger la mort de Numérien, et il tue Aper. Il l'emporte sur Carin août ou septembre 285.
L'Édit de Gallien de 262 n'est mentionné que par Aurelius Victor qui en parle à deux reprises. Son existence, parfois contestée, est aujourd'hui généralement admise. Il interdit aux sénateurs l'exercice des charges militaires, soit le tribunat laticlave, soit surtout, entre préture et consulat, la légation de légion. Cela rend la carrière sénatoriale purement civile.
Les sénateurs ne peuvent plus être légats propréteurs des provinces impériales : en effet, dans les provinces impériales prétoriennes, il n'y avait qu'une seule légion, le légat sénatorial était donc à sa tête; en revanche, dans les provinces impériales consulaires, il y avait plusieurs légions, et le légat sénatorial ne les dirigeait pas. Au début du règne de Dioclétien, les seuls gouverneurs clarissimes qui subsistent sont les deux proconsuls d'Asie et d'Afrique, et le légat consulaire de Syrie Creuse.
Le système augustéen qui réservait le commandement des légions à de «nobles amateurs» dépourvus de formation technique était inadapté à une situation de guerre permanente. Si le général était médiocre, les résultats pouvaient être désastreux; si au contraire il était brillant, il pouvait être tenté d'en tirer un avantage politique et de se révolter. Du reste, les sénateurs manifestaient peu de zèle pour leurs fonctions militaires.
L'édit met donc un terme à une évolution ancienne. Désormais tous les tribuns sont issus de l'ordre équestre (le dernier tribun laticlave est attesté un peu avant 260), et les légats de légion sont remplacés par des préfets chevaliers, c'est-à-dire l'organisation propre aux armées d'Égypte et de Mésopotamie. Sur le plan social, cette réforme bénéficie surtout aux officiers de carrière, sortis du rang, plutôt qu'aux chevaliers de type traditionnel, issus du milieu municipal.
En même temps qu'il s'efforce d'améliorer la qualité du recrutement, Gallien s'efforce d'accroître l'efficacité de l'armée sur le plan tactique. Il ne procède à aucune réforme de fond, mais se préoccupe de mieux utiliser les effectifs disponibles. Il constitue ainsi une armée mobile, le comitatus, en prélevant sur les légions des vexillations formées des éléments les plus aguerris. Une réserve de cavalerie est constituée en regroupant les pelotons de cavalerie affectés à chaque légion.
Une réorganisation s'opère, dont nous ne saisissons pas tous les détails: de nouveaux grades apparaissent, comme celui de protector. Le terme est attesté pour la première fois vers la fin du règne conjoint de Valérien et Gallien, dans le cursus de Volusianus1. La question est de savoir s'il désigne les membres d'une unité nouvelle, remplaçant par exemple les equites singulares. Ce terme semble s'appliquer à tous les officiers à partir du grade de centurion, qui servent dans l'armée de campagne. Cette distinction enviée, qui permet un accès plus facile au prince, offre des possibilités d'ascension professionnelle et sociale.
Les réformes de Gallien ont eu pour principal effet de créer une armée de manoeuvre, mobile et souple, commandée par des professionnels. Cet outil s'est avéré efficace. Dioclétien le conserve pour l'essentiel, en apportant quelques innovations, liées notamment au nouveau régime politique qui a porté le nombre des empereurs à 2 puis à 4.
- L'augmentation des effectifs -
Lactance prétend que Dioclétien multiplia par quatre les effectifs de l'armée, ce qui est certainement exagéré. Une source byzantine fournit le chiffre, trop précis pour être exact, de 435 000 hommes. Les historiens modernes proposent des évaluations tournant entre 500 000 et 600 000 hommes.
La masse de ces effectifs est constituée, comme antérieurement, par l'infanterie légionnaire. Des 33 légions qui existaient en 201, 32 sont encore attestées à la fin du IIIème siècle, une seule paraissant avoir disparu dans la tourmente : la VI Ferrata cantonnée en Syrie-Palestine. Elle est remplacée par la I des Illyriens (I Illyricorum) dont la création est très généralement attribuée à Aurélien. La Notitia Dignitatum, compilée au début du Vemeècle, énumère 174 légions, dont 12 à 16 sont considérées comme des créations tétrarchiques, soit d'après leur dénomination (IIIa Diocletiana par exemple), soit par une attestation épipraphique, soit pour les deux raisons à la fois.
Il devait donc y avoir en 305 une cinquantaine de légions, de deux types:
Certaines, une minorité, ont conservé leurs effectifs du Haut-Empire (5 000-6 000 hommes);
Les autres ne comptent plus qu'un millier d'hommes.
Le commandement est exercé par un préfet équestre, l'encadrement par des centurions assistés de sous-officiers. La cavalerie légionnaire subsiste.
- Le système défensif -
Les légions sont réparties le long du limes, à raison d'une ou deux par province frontière. Elles sont assistées par des vexillations de cavalerie, commandées par des praepositi. Des unités auxiliaires, cohortes d'infanterie ou ailes de cavalerie, complètent le dispositif. Il s'y ajoute des contingents barbares (gentiles).
La conception stratégique de Dioclétien est donc assez classique, et certaines sources, en particulier Zosime, le louent du soin apporté à la surveillance de la frontière. Les tétrarques s'attachent également à renforcer le limes sur une zone profonde de chaque secteur; par exemple :
Forts de Vitudurum (Winterthur) et de Tasgaetium (Burg) aux confins de la Gaule et de la Rhétie;
Le centenarium d'Aqua Viva en Numidie;
La Strata Diocletiana et ses forts pour l'aménagement de la grande route stratégique Bostra-Palmyre. La chute de Palmyre ayant affaibli le dispositif romain en Syrie centro-méridionale, Dioclétien réorganise le arabicus. Les ennemis visés ne sont pas tant les Sassanides que les Arabes Saracènes. Il met au point un système de défense en profondeur sur 70 kilomètres, constitué d'un réseau de fortins (castellum) appuyé sur la via nova Trajana, la strata diocletiana. Le camp de Lejjun, abritant la légion IVa Martia, forme le pivot du dispositif dans le secteur central. Les fortins dépendent de lui.
Le camp de Lejjun est plus petit que ceux du Haut-Empire, et peut contenir au plus 1 500 hommes. Cette diminution de la taille des camps, associée à la multiplication des fortins, est générale au Bas-Empire. Il faut y voir l'effet, soit de la réduction de l'effectif légionnaire à 1 000 hommes, soit de la dispersion des soldats dans les castella. Les murailles sont plus solidement fortifiées qu'au Haut-Empire, pour mieux résister à des techniques de siège plus efficaces. Bâties en pierre, elles possèdent des tours saillantes, qui permettent de mieux défendre le pied de la courtine. Les tours de Lejjun peuvent accueillir de l'artillerie sur leur plateforme.
Le commandement des troupes et l'entretien des fortifications revient, dans chaque province frontière, soit au gouverneur (praeses), lorsque ce dernier cumule les pouvoirs civils et militaires, soit à un dux provincial, indépendant du gouverneur. Les duces ne sont plus des commandants d'armée d'opération, comme au IIIème siècle, mais des chefs de circonscriptions territoriales fixées et d'étendue variable. Les duces sont recrutés parmi les officiers de carrière, qui sortent ainsi du rang. Les plus considérés d'entre eux reçoivent les noms de dux et comes, qui, dans la pratique, se résument en la formule abrégée de comte.
Le comitatus - Autour de chacun des tétrarques est constituée une armée de manoeuvre permanente, le comitatus, dont les membres portent le titre de comites («compagnons»). Ces troupes d'élite comprennent une garde rapprochée, les protectores lateri divini, et un nouveau corps de «lanciers» (lanciarii), peut-être associé au prétoire.
On y trouve aussi des vexillations légionnaires et des unités de cavalerie, lourde ou légère : cavaliers maures ou dalmates (equites Mauri, Dalmatae), stablesiani, promoti et scutarii. Résumant la carrière de Maximin Daïa avant sa nomination comme César en 305, Lactance indique qu'il fut successivement scutarius, protector et tribun (officier de la garde).
- La nouvelle organisation de l'armée -
C'est à Constantin plus qu'à Dioclétien que l'on doit la création de l'armée du Bas-Empire. La réforme, qui a lieu entre 312 et 325, consiste à replier loin des frontières non plus une partie des troupes, mais l'essentiel de celles-ci, légions et vexillations. Zosime fait grief au prince d'avoir dégarni les frontières : ceux qui étaient exposés aux incursions des Barbares, il les laissa sans protection, mais il infligea à des villes paisibles le fléau de l'occupation militaire. L'armée est donc partagée en deux parties :
Les comitatenses (armée de campagne), qui est composée du plus gros des légions et vexillations. La loi du 17 juin 325 relative aux privilèges fiscaux des soldats et des vétérans donne des privilèges plus étendus aux comitatenses qu'aux autres catégories (ripenses, alares et cohortales).
Les limitanei ou riparenses, unités demeurées sur la frontière : une partie des effectifs légionnaires, et les auxiliaires de cavalerie. Le commandement est bien sûr équestre : préfets pour les légions, praepositi pour les vexillations et les numeri barbares. L'ensemble de ces chefs militaires est placé sous l'autorité du dux provincial, distinct du gouverneur.
- La réorganisation du commandement -
Le principe est celui de la séparation absolue des pouvoirs civils et militaires. Les chefs militaires sont placés sous l'autorité de duces provinciaux, eux-mêmes subordonnés à des «comtes» (comites) à l'échelon du diocèse. C'est sans doute sous Constantin qu'apparaissent les nouveaux chefs d'état-major de l'armée romaine, les «maîtres des soldats» (magistri militum), officiers de carrière, un pour l'infanterie (magister peditum), un pour la cavalerie (magister equitum). La date de leur création est très incertaine, mais semble largement postérieure à 325.
À partir de Dioclétien, les empereurs recourent à l'obligation pour accroître les effectifs militaires, ce qui explique la présence de chrétiens servant malgré eux. Le recrutement pèse désormais sur trois catégories :
Les fils de soldats (ex castris);
Les colons des grands domaines : Chaque propriétaire foncier ou chaque groupe de propriétaires doit fournir un nombre fixe de recrues, proportionnel à l'étendue de leurs domaines (charge de la protostasia tironicum); le service pèse désormais non plus sur l'individu, mais sur la terre.
Les recrues dûes par les divers domaines sont choisies par les propriétaires eux-mêmes qui les prennent parmi les habitants du domaine ou les achètent à des entrepreneurs qui font métier de les leur procurer. Dans certains cas, le propriétaire peut verser l'aurum tironicum s'il ne veut pas voir partir sa main-d'oeuvre.
Les barbares installés dans l'Empire. Un grand nombre d'entre eux sont incorporés en vertu du système de la protostasia tironicum. Leur épée, la spatha, de 85 cm, de lame plate aux tranchants parallèles, devient l'épée légionnaire.
Sans qu'il y ait de mesure générale émanant du pouvoir central, la transformation des cités ouvertes en villes fortifiées se généralise dans la deuxième partie du IIIème et dans la première partie du IVème siècle, sous la poussée des circonstances. Tous les empereurs, dans une proportion variable, y prennent leur part. Le cas le plus célèbre est celui de l'enceinte de Rome, commencée en 271 par Aurélien et achevée par Probus.
Au milieu du IVème siècle l'oeuvre s'achève et toutes les provinces, en Orient comme en Occident, sont couvertes d'un réseau de villes fortifiées. Ces enceintes ont généralement des dimensions restreintes : 800 mètres à Vérone, entre 900 et 2 000 mètres dans les Gaules, entre 2 000 et 2 500 mètres à Bordeaux, Poitiers et Sens. La seule exception, mais elle est d'importance, est l'enceinte de Rome qui fait 18 800 mètres, dont la dimension se justifie aisément par la taille et l'importance de la ville.
Les villes fortifiées remplissent bien leur rôle : en 298, menacé par les Alamans, Constance Chlore trouve refuge derrière les remparts de Langres.
C'est un personnage dont nous n'avons aucune mention littéraire, mais qui fut à l'évidence un collaborateur très proche de Gallien. En 261, il devient préfet du prétoire et consul ordinaire. Sa carrière s'achève avec la préfecture de la Ville (267--268).